Selma BAKHOUY et Mathilde NEGRIER lisent un poème de Robert DESNOS, poète et résistant :

Ce cœur qui haïssait la guerre voilà qu’il bat pour le combat et la bataille ! Ce cœur qui ne battait qu’au rythme des marées, à celui des saisons, à celui des heures du jour et de la nuit,

Voilà qu’il se gonfle et qu’il envoie dans les veines un sang brûlant de salpêtre et de haine. Et qu’il mène un tel bruit dans la cervelle que les oreilles en sifflent,

Et qu’il n’est pas possible que ce bruit ne se répande pas dans la ville et la campagne, Comme ce son d’une cloche appelant à l’émeute et au combat.

Écoutez, je l’entends qui me revient renvoyé par les échos. Mais non, c’est le bruit d’autres cœurs, de millions d’autres cœurs battant comme le mien à travers la France.

Ils battent au même rythme pour la même besogne tous ces cœurs, Leur bruit est celui de la mer à l’assaut des falaises

Et tout ce sang porte dans des millions de cervelles un même mot d’ordre : Révolte contre Hitler et mort à ses partisans !

Pourtant ce cœur haïssait la guerre et battait au rythme des saisons, Mais un seul mot : Liberté a suffi à réveiller les vieilles colères

Et des millions de Français se préparent dans l’ombre à la besogne que l’aube proche leur imposera.

Car ces cœurs qui haïssaient la guerre battaient pour la liberté au rythme même des saisons et des marées, du jour et de la nuit.

Robert Desnos, 1943 (paru dans L’Honneur des poètes)

Maxime PIGUELLER et Loan WALEK poursuivent par la lecture de la lettre d’Henri FERTET

« Chers parents, ma lettre va vous causer une grande peine, mais je vous ai vus si pleins de courage que, je n'en doute pas, vous voudrez bien encore le garder, par amour pour moi.

Vous ne pouvez savoir ce que moralement j'ai souffert dans ma cellule, [ce] que j'ai souffert de ne plus vous voir [...] pendant ces quatre-vingt-sept jours de cellule, votre amour m'a manqué plus que vos colis et, souvent, je vous ai demandé de me pardonner le mal que je vous ai fait [...] Avant, je vous aimais par routine plutôt mais, maintenant, je comprends tout ce que vous avez fait pour moi. Je crois être arrivé au vrai amour filial [...]

Je meurs pour ma patrie, je veux une France libre et des Français heureux, non pas une France orgueilleuse et première Nation du monde, mais une France travailleuse, laborieuse et honnête. Pour moi, ne vous faites pas de soucis, je garde mon courage et ma belle humeur jusqu'au bout et je chanterai "Sambre et Meuse" parce que c'est toi, ma chère petite maman, qui me l'a appris.

Les soldats viennent me chercher. Je hâte le pas. Mon écriture est peut-être tremblée, mais c'est parce que j'ai un petit crayon. Je n'ai pas peur de la mort, j'ai la conscience tellement tranquille. Papa, je t'en supplie, prie, songe que si je meurs, c'est pour mon bien. Quelle mort sera plus honorable ? Je meurs volontairement pour ma patrie. Nous nous retrouverons bientôt tous les 4 au ciel. Qu'est-ce que cent ans ? [...]

Adieu, la mort m'appelle, je ne veux ni bandeau ni être attaché. Je vous embrasse tous. C'est dur quand même de mourir. Un condamné à mort de 16 ans ; Excusez les fautes d'orthographe, pas le temps de relire ».

Expéditeur : Henri Fertet. Au ciel, près de Dieu. »

Henri Fertet sera fusillé le 26 septembre 1943 après 87 jours d'emprisonnement et de tortures.

Dépôt de gerbes

MM. John McKillop, Jean Reichenbach, Gal Christian Peraldi

MM. L. Chevillard et JM Philippe déposent les plaques Mémoire puis la gerbe de l’AFCAC

MM R. Brisse et C. Balland du Souvenir Français.

Adj. A. Daguzan et G. Boinot, Léman Chablais

Mmes M. Bérode et P. De Vrieze, SRUB